Publié le 20 Septembre 2022 à 12:10.

Gérard Lanvin en concert à Atlantia : « j’ai adoré vivre à La Baule pendant 30 ans ! »

L'acteur et chanteur a choisi la terre des copains et des souvenirs pour achever sa tournée d'été des festivals avec son fils Manu Lanvin.

Gérard Lanvin en concert à Atlantia : « j’ai adoré vivre à La Baule pendant 30 ans ! » Gérard Lanvin / © DR

C'est à la faveur du confinement que le père acteur, et le fils grande pointure du blues, se sont retrouvés autour d'un projet sans cesse repoussé : mettre en musique et en chansons rock & blues, les réflexions que Gérard Lanvin couchait sur le papier depuis des années. Un album engagé en est né, Ici Bas, nourri d'un état des lieux sans concession de Gérard Lanvin sur notre société, les défaillances de nos hommes politiques, ou encore les dérives des réseaux sociaux. 10 titres uppercut sur notre monde tel qu'il est, mais surtout tel qu'on le rêverait. Gérard et Manu Lanvin seront sur la scène du palais des Congrès Atlantia samedi 24 septembre à 20h30. Interview.

Vous chanterez le 24 septembre devant le public de La Baule, c'est un moment particulier pour vous ?

Oui, c'est un moment très émouvant parce que j'ai adoré vivre à La Baule pendant 30 ans. Je suis ensuite parti parce que les circonstances m'ont emmené ailleurs, et j'ai eu la chance d'avoir le temps d'être ailleurs. Mais la France c'est un pays que j'aime, c'est un pays magnifique… La Loire-Atlantique où j'ai vécu pendant 30 ans… Et surtout La Baule, La Brière, Guérande, où j'étais parfaitement heureux. Revenir dans ces circonstances, c'est d'autant plus touchant et d'autant plus émouvant. Retrouver tous ces gens que j'ai fréquentés pendant une trentaine d'années, que je connais par coeur… J'avais monté un bar qui s'appelait le Barouf, beaucoup de couples se sont rencontrés jeunes dans ce bar, et au fur et à mesure des années qui passent, ils me le racontent encore : « j'ai connu ma femme là grâce à toi ! ». C'est formidable de se retrouver à Atlantia, de savoir que tous ces gens ont déjà retenu leur place, qu'ils seront avec moi.

La rencontre avec le public des festivals cet été, c'était nouveau pour vous ?

Ah le public c'était nouveau pour moi, ça c'est certain. Ça n'est pas comme si vous étiez au théâtre, ou dans un one man show. Vous êtes transporté dans un autre univers, dans un autre monde. La musique vous envoie ailleurs, et elle donne du rythme aux mots que j'ai envie de dire. Des mots, pour essayer d'enchanter les autres. J'ai vu en face de moi des gens enchantés qu'on soit là. Nous avons eu une bonne quinzaine de dates de festivals cet été. Ça m'a permis de jouer devant des milliers de gens, et ça c'était extraordinaire comme aventure.

Comment vivez vous ces moments sur scène avec votre fils ? Vous êtes acteur, il est musicien, vous y retrouvez tous les deux la même magie ?

De toutes façons, il n'y a pas d'acteur sur la scène. À un moment, la musique vous transporte dans une autre dimension. Manu l'a créée avec moi, autour de moi, grâce à des musiciens formidables. On est 8 sur scène quand même, ça fait du monde. Il a écrit des musiques magnifiques, qui sont populaires et qui emmènent les gens… Puisqu'on a fait pas mal de festivals, on a vu ce que ça provoquait dans l'envie de bouger, mais aussi l'envie d'écouter les textes…Et donc moi avec Manu, je fais office de transmetteur de mot, et lui il fait office de transmetteur de musique. On s'associe là-dessus et ça marche bien.

Comment est née cette envie d'un album avec votre fils, et pourquoi maintenant ? Ça n'aurait pas été possible il y a 10 ans dans d'autres circonstances ?

Non, vous voyez, c'est les circonstances effectivement qui décident. Il y a eu un confinement qu'on a tous subi, et j'étais à Paris. Ma famille était éclatée : ma femme au Maroc, mon fils Léo qui est DJ au Brésil..Il restait Manu, mon fils, à Paris, et moi. Il m'a dit, voilà écoute, j'ai des musiques, on va s'enfermer, on va essayer avec tes réflexions, tes envies, de voir si on peut faire un album. Parce qu'il y a longtemps qu'on prévoyait ces choses ensemble ! Mais on ne pouvait pas les faire… On n'avait pas le temps nécessaire, c'est beaucoup de travail. J'ai la chance d'avoir un fils qui est évidemment doué, et au-delà de ça, qui est un directeur artistique, qui sait produire un album, il a produit l'album de Calvin Russell… C'est quelqu'un en qui j'ai totalement confiance. J'ai fait ça avec la confiance que j'avais en mon fils, je n'aurais jamais fait ça avec quelqu'un d'autre de cette profession qui m'aurait gentiment proposé d'essayer. Avec mon fils, j'avais totalement confiance, et je n'ai eu aucun problème à le suivre. Il y a une vingtaine d'années que j'ai des cahiers, j'ai travaillé beaucoup avec Coluche à l'écriture, et aujourd'hui chanter mes mots, c'est essayer d'enchanter les autres avec mes réflexion. À partir de là bien sur, il y a des gens pour, il y a des gens contre. Je ne cherche pas à faire l'unanimité. Moi mes réflexions sont mes réflexions, les gens ont le droit d'avoir des réflexions différentes.

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Dans le titre “Un monde imposé” , vous évoquez les conséquences parfois néfastes de la technologie, des réseaux sociaux…

Dans ma vie, je ne fréquente pas les réseaux sociaux, peu importe ce que les gens en pensent et en disent, sur moi en tous cas. Ça n'est pas mon problème. Savoir qui on est, c'est déjà beaucoup. Les temps changent, on change avec eux, mais le progrès parfois ne respecte pas ce qu'il remplace. Ça pourrait être formidable, mais c'est aussi utilisé par des gens avec de très mauvaises intentions, même chez les jeunes générations, même chez les générations d'adolescents, et ça a créé en France et dans le monde, un système qui est celui de bien vouloir dénoncer l'autre, le voisin. Dès le 1er confinement par exemple, j'ai entendu: “ouais, j'ai un voisin qui reçoit du monde”. Enfin c'est lamentable, parce que cette technologie a développé un tempérament que moi je déteste, le mauvais côté de l'homme, le mauvais côté des choses.

C'est aussi un moyen d'abrutissement, comme dans “un p'tit gars” ?

De toutes façons c'est le monde d'aujourd'hui, on ne peut rien y faire. C'est aux gens qui éduquent ces enfants d'avoir un temps à prendre sur la manière de les éduquer. C'est pour ça que quand on est grand-père comme moi, il faut intéresser sa petite fille, depuis qu'elle est petite, à l'envie, à la curiosité des choses naturelle et simples. Parce que sinon, beaucoup de gens se débarrassent de leurs enfants en leur filant des tablettes et puis “allez dans votre chambre” c'est tellement plus pratique ! Mais ce monde-là est en train de dégénérer. Après, il y aura certainement une adaptation de la part de ces générations nouvelles, qui vont enfin comprendre, comme elles comprennent aujourd'hui l'écologie. Parce que moi j'ai confiance en ces générations nouvelles. Le problème c'est qu'il faut aussi de la bien pensance à leur tête, c'est pas encore le cas.

C'est pour cela que vous avez eu envie de partir ailleurs, de quitter la France ?

Moi je suis de ceux qui pensent que quand ça ne fonctionne pas quelque part, on peut changer d'endroit. C'est ce que j'ai fait il y a un moment. J'ai de la chance parce que j'ai le temps de le faire et de le vivre. Je vis entre la France et le Maroc. On est dans un pays comme en ce moment qui est en train de dégénérer complètement dans un truc que je n'aime pas, c'est à dire violence, insécurité.. On tape sur des femmes de 90 ans, des mômes de 15 ans ont détruit un p'tit gars qui est homosexuel dans la rue. On voit leur manque de courage et la méchanceté, et finalement ils n'ont qu'une journée d'obligation à faire ! À partir de ce moment là, je n'ai plus de patrie, je vais là où ça se passe mieux.

La chanson phare de l'album “Ici-bas”, dénonce l'intolérance dans toutes les religions : "Il y a Dieu ou il n'y a pas, tu sais pour ça, mon gars, chacun doit faire son choix, tous les vivants sont pas comme toi, y'a ceux qui prient et il y'a ceux qui ne prient pas (…) Ne compte pas combien tu en tues, mais combien tu en sauveras"

Moi je pense que la religion est nécessaire pour certains, pour avoir des comportements, pour avoir une obligation à avoir, les croyances sont nécessaires, il n'y a aucun problème. Comme toutes sortes de cinéma, toutes sortes de musique, on est tellement sur terre ! Le problème c'est qu'il ne faut pas qu'elles dégénèrent dans ce qui se passe en ce moment, dans le fanatisme, parce qu'il y a des leaders, qu'ils soient musulmans, catholiques, protestants (je parle de toutes les religions), il y a des gens qui n'ont plus l'envie de suivre des écritures. Je ne juge personne, je fais juste un constat…

C'est aussi un album rempli d'amour, comme le titre façon gospel “donne ton amour” ou “mon héroïne” dédié à votre votre femme. Est-ce qu'elle s'est impliquée dans cette album ?

Non, elle ne s'est pas impliquée, mais quand on en a parlé, elle m'a dit, il faut le faire. Je lui ai demandé…Il faut le faire, il faut écrire 10 textes, je parle de quoi ? Elle m'a répondu, tu te démerdes, tu vas vivre une émotion particulière et exceptionnelle, et elle avait raison ! C'est pour ça que je l'ai fait aussi. Je l'ai fait pour aller au bout de l'intention de mon fils, mais aussi parce que je n'avais aucune raison de lui dire non. Et de croire en lui, de lui donner cette possibilité de penser jusqu'au bout, je lui faisais une confiance absolue…

Cette expérience de faire passer un message par la chanson, vous auriez envie de la retrouver dans le cinéma, par exemple en passant de l'autre côté de la caméra ?

Pas du tout. Non, le cinéma, c'est une autre émotion. Je suis heureux de lire des scénarios parce que je découvre des rôles. C'est très compliqué d'écrire un scénario. Il faut une technique d'écriture que je n'ai pas, et puis avoir cette subtilité de savoir raconter des histoires, qui vous touchent, qui vous pénètrent… Moi j'aime bien aller dans les histoires des autres, et fabriquer des personnages à partir de l'idée d'un autre. Mais c'est vrai que j'ai écrit des chansons pour Paul Personne, pour Bernie Bonvoisin, et je sais que l'écriture d'une chanson me correspond totalement. Parce qu'en 3 minutes, il faut savoir dire quelque chose qui intéresse les autres. Et j'ai plus de plaisir à m'imaginer là-dedans, à l'écriture, que de passer derrière une caméra pour faire moteur-action avec des acteurs que j'aurais choisis. La seule chose qui est passionnante pour moi dans le cinéma, c'est les acteurs.

Gérard Lanvin en concert à La Baule le samedi 24 septembre 2022 à 20h30 • Palais des Congrès Atlantia • Billetterie en ligne.

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